La montagne

Je déteste la montagne
Et la gravir, c’est le bagne.
Cette montagne que je hais, vous l’avez deviné,
Est celle de mes feuilles d’impôts à payer.
Impôts d’Etat, impôts locaux,
Vraiment on en a plein le dos.
Mais j’adore la vraie montagne.
À la gravir l’ivresse me gagne.
Dans la montée je me baisse pour cueillir des violettes,
Dont mon amie me remercie d’une tendre risette.
Les fleurs nous grisent de délicates senteurs,
Mais il faut monter, on ne peut rester spectateurs.
Nous enchante le chant joyeux d’oiseaux rieurs,
Pendant que nous surplombe un vol de migrateurs.
Je grimpe le sentier, enlacé à ma chérie
En la comblant, canaille, de moult cajoleries.
Parvenus au sommet, après bien des efforts,
Une longue pause sera notre réconfort.
D’être ainsi arrivés à une haute altitude
Nous plonge dans une profonde béatitude.
Étendre, du sommet, nos regards sur l’espace infini
Nous récompense, nous réjouit et nous éblouit.
Pour finir, un conseil, qui n’est pas duperie :
Si vous souhaitez connaître la griserie,
Sans que, du tout, elle vous rende malade,
De la montagne, faites donc l’escalade.

© Pierre Daumas