Quand je vois ces migrants...

Quand je vois ces migrants partir pour l'Allemagne
Je me sens concerné, la compassion me gagne,
Le passé ressurgit, on tremble en l'évoquant :
On pense à tous ces trains allant vers d'autres camps.

Quand je vois ces migrants, chassés de leur patrie
C'est comme le reflet d'une époque assombrie,
Millions de réfugiés laissés à l'abandon,
Un destin déchiré, l'injustice sans nom !

Quand je vois ces migrants s'accrochant à la vie
Échapper aux bourreaux de soif inassouvie,
Revient en notre esprit cet horrible point noir :
Ces innocents jadis, sans recours, sans espoir.

Quand je vois ces migrants s'élancer sur la route
Pour trouver un refuge, aller coûte que coûte
Vers un autre avenir, une force, un soutien ;
Eux là-bas à Auchwitz, ils n'espéraient plus rien !

Quand je vois ces migrants, ces enfants et ces femmes
Qui tous ont voulu fuir des conditions infâmes,
On ne peut oublier leurs frères de malheur
Qui connurent, on le sait, la soif, la faim, la peur.

Quand je vois ces migrants nous demander de l'aide,
On veut participer aussitôt, et l 'on plaide
Pour un immense élan, mouvement de secours,
Une comparaison ? Ce serait un peut court !

Quand je vois ces migrants, ce qui nous interpelle
C'est le refus parfois, la position rebelle
De ceux ne voulant pas accorder leur accueil ;
Ce serait bon pourtant s'ils franchissaient le seuil.

Quand je vois ces migrants, je mesure ma faute
Mais j'ai hâte bien sûr, et d'une voix bien haute,
De dénoncer bien fort l'attente et l'inaction...
Rappelons-nous là-bas... Et si nous y pensions ?

Quand je vois ces migrants...

© Adrien Cannaméla
septembre 2015