D'un seul coup, d'un seul
La tranquille beauté de Ville d'Avray
Sombra au fond des grands étangs
La guerre survint après la paix
Ils se regardèrent interdits
Les attablés de l'élégant café
La lueur chantante du printemps ensoleillé
L'éclat doux des feuilles vertes de l'annonciation
Avaient disparu
Et aussi la calme ronde des promeneurs, des passants,
Des couples empressés aux ardentes caresses
Tout cela devint d'une page tournée
Car un orage à l'épouvantable rage
Sur les étangs fondit
Un tourbillon issu de quelle vindicte
D'un dieu défait et abusé
Souleva l'onde, la dévastant
Faisant naître malaise et inquiétude chez tous les possédants
Qui croyaient à la sérénité conquise après
Tant de négoces ou de crimes.
Fulgurants, les éclairs lacéraient les ferveurs et les univers
Les coups de tonnerre ébranlaient les âmes
Les enfants hurlaient et trépignaient
Puis, une couleur insidieuse
Tordit les esprits, comme linge qu'on bat,
Une couleur que nul n'avait jamais vue
Ni soupçonnée,
Elle s'étendait sur l'espace
En provenance d'un monde à nos sens inconnu
Comme d'un bois aux teintes d'un cauchemar
Qui auraient flambé à tant de millénaires en amont
Plus rien n'avait d'importance,
Sauf la beauté sauvage des étangs de Ville d'Avray.
Jean-François Blavin
Ville d'Avray - Café des artistes et des pêcheurs, le 23 avril 2006