Les gisquettes

Vous les voyez, en tas, riantes et pouffantes,
Mirettes charbonneuses, ongles et bouches sanglantes.
Elles fument, négligemment, la clope qu’elles ont roulée
Centrées sur le mégot, inhalant des goulées.
Prunelle dans le vague, mâchoires hystériques
Ruminant une gomme, rythmée par la musique.
Souvent vêtues de noir en jupes ras le bonbon
Collant très près du corps, dévoilant les jambons
Si précis qu’un muet y lirait sur les lèvres
Ce qui, probablement, lui donnerait la fièvre.
Perchées sur des talons de douze centimètres
Ou trainant en raclant des pompes champêtres.
Elles parlent des garçons avec des airs de poules
Et aussi des chanteurs qui gigotent et roucoulent.
Armées d’un téléphone elles tapotent, fébriles,
D’impossibles messages réputés puérils.
Elles ne supportent pas de rester à l’école,
Mais devant un café elles se noient de paroles.
Entre deux rires chatouillés, elles tombent en sanglots,
Croyant leur vie finie jetée par un salaud.
Elles se donnent des allures de filles émancipées
Alors que, tout au fond, elles jouent à la poupée.

MORALITÉ

Vivez, usez et profitez, c’est le bon moment,
Les choses se gâtent quand on accumule les ans

Mondolius

© Mondolius