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Les cinq saisons de la vie

1. L'arbre qui pousse...
La nature impatiente, d'une sève abondante
Éclatent les bourgeons
Le bois travaille et transforme la terre
En atelier-nature où l'acide et le vert
Composent le trésor de racines et de plantes.
Le bois travaille de sa sève abondante
Et s'épanouissant en lourdes frondaisons
Fait éclore le printemps en première saison
Primevères et crocus parfument les narines
Tandis que s'ancrent en nous les fleurs de l'origine...

2. Les forges du soleil
Le soleil au zenith de ses rayons darde
Murissant les moissons
Le feu colore les fruits et dompte l'amertume
De son sucre vermeil
La chaleur du soleil apaise la froidure
En corne d'abondance de myrtilles, de groseilles
De cerises, de fraises ou d'or de mirabelles
Le soleil au zenith darde de ses rayons
Et la sieste relaxe dans le creux d'un vallon
L'été dans le soleil est si belle saison !

3. Y'a plus de saison !
Quand le foin est rentré
Quand finit la moisson
Quand les premiers frimas arrivent sans raison
Quand le soleil d'hiver se prend pour le printemps
Et quand les saints de glace givrent le joli mai
Quand juillet se pourrit d'orages et de tempêtes
C'est la cinquième saison
La terre en perd la tête
La terre en déraison
Chaque être cherche à renaître
Et c'est le temps qui passe
Les saisons de la vie
Celle de l'enfant qui naît, découvrant l'infini
Et quand l'adolescent découvre ses tourments
À peine ancré adulte, c'est démon de midi
Dans le cœur monotone, germent les derniers vers
C'est la cinquième saison entre extase et enfer
Celle qui fait transition entre les âges d'homme
Entre naissance et mort, les saisons de la vie.

4. Morte saison
Les beaux éclats d'automne
Et c'est morte saison
Mélancolie d'automne, tristement, soupirant
Le froid pique les joues sur les chemins d'école
Où les feuilles pourrissent sous la pluie et le vent
Dans les premiers brouillards
On se hâte de vivre
On respire la lumière qui finit à nadir
À l'or de l'univers succède un pâle cuivre
Les beaux éclats d'automne
Déjà l'angoisse d'hiver ?

5. L'eau glacée de l'hiver
L'hiver s'installe au ventre
Comme une barre de peur
L'eau glace dans la tourmente
Changeante et menaçante
De belle eau miroitante dans le lac des fées
Elle devient neige et gel
Et le blizzard réveille de sombres rêves noirs
Et d'étranges légendes que l'on conte le soir
La bise souffle son sel sur les crêtes enneigées
Dans le vallon ruissellent les larmes des noyers
L'eau pleure sur les toits, les arbres et les êtres
Dieu qu'il est froid et lourd
Le ciel dans ce couvercle.

Nicole Barrière

© Nicole Barrière, 10 septembre 2000
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