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Les lettres

Il m'a semblé que la présentation de Marina Tsvétaïéva ne serait pas complète, si je ne parlais pas de ses lettres qui ne peuvent être dissociées de son œuvre.

En effet, elle en a écrit une très grande quantité, et ses lettres ne relèvent pas du genre épistolaire traditionnel. Chaque rencontre, chaque amitié nouvelles la plongent dans une sorte d'extase, et les textes sont pleins de passion, d'élan, de frénésie, d'idolâtrie.

« Une lettre est une sorte de communication de l'au-delà, moins parfaite que le rêve, mais obéissant aux mêmes lois. Ni l'un ni l'autre ne se font à la demande : nous rêvons et nous écrivons non quand nous le voulons, mais quand la lettre veut être écrite et le rêve rêvé » (à Pasternak le 19 novembre 1922).

Lorsqu'elle écrit, Marina Tsvétaïéva poétise à l'extrême ses relations avec des hommes et des femmes, que parfois elle n'a jamais ou très peu vus, travaille chaque lettre, en fait un écrit littéraire et la confession d'une âme.Les plus remarquables ont été écrites durant l'été 1926, un échange de quarante-neuf lettres en trois mois. Trois très grands poètes s'écrivent avec une passion extrême : Marina Tsvétaïéva (alors émigrée en France, elle séjourne en Vendée), Boris Pasternak (retenu à Moscou par la révolution, qui voue à Marina Tsvétaïéva une admiration fougueuse), Rainer Maria Rilke (qui se meurt lentement en Suisse, et qui se laisse subjuguer par l'exaltation de Marina Tsvétaïéva). C'est comme un roman épistolaire, une histoire d'amour à trois personnages/auteurs, dont je ne connais pas d'autre exemple.

Marina Tsvétaïéva qui dit avoir « soif de toutes les routes à la fois », apparaît ici à son paroxysme, dévorante, susceptible, jalouse, splendidement vivante et refusant tous les conformismes. Cette correspondance permet d'accéder à l'essentiel de l'œuvre de Marina Tsvétaïéva, sa poésie, poésie qui constitue d'ailleurs la véritable histoire d'amour entre les trois poètes.

Pour commencer les lectures de cette soirée, je vous propose quelques extraits de cette correspondance à trois.

© A. Pasternak
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