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Mes insignes compagnonniques

À mon fils

Tranquille, assis près de l'âtre qui brille,
D'un rude hiver affrontant les rigueurs,
Seul, près d'un fils, son unique famille,
Un compagnon contemplait ses couleurs.
- Vois, disait-il, ce brillant apanage,
Doux résultat de mon unique espoir,
Du fondateur noble et saint héritage,
Gage sacré des enfants du Devoir. (bis)

Pendant longtemps sur le beau tour de France,
Je les portais gravement sur mon cœur,
J'ai combattu l'ignoble médisance,
J'ai converti l'ignorance et l'erreur.
Guidé parfois d'un amour indicible,
Des beaux Devoirs je chante l'unité,
Je chante aussi le Compagnon paisible,
Fidèle ami de la Fraternité. (bis)

Il dit encore à son fils qui l'écoute,
Regarde bien ce signe de l'honneur,
Symbole heureux qui conduit à la route
De la vertu comme à celle du cœur.
Comme ton père enfant, je te convie
D'être fidèle aux lois que nous suivons,
Afin qu'un jour, au banquet de la vie,
Tu sois placé au rang des Compagnons. (bis)

Simple artisan, je suis sans opulence,
Mais dans mon cœur, je possède un trésor ;
Puis, comme moi faisant ton tour de France,
Que la sagesse, ami, soit ton mentor ;
Je ne crains pas chez toi l'ingratitude,
De ton bon cœur je connais le timon.
Tu deviendras, j'en ai la certitude.
Avec le titre heureux de Compagnon. (bis)

Accepte, enfin ces insignes sans tache,
Présage heureux d'un brillant avenir,
Pour ton bonheur, ami, je m'en détache,
Conserve bien ce précieux souvenir.
L'humanité réclamait tes faveurs,
Songe surtout aux conseil de ton père,
Rappelle-toi sa canne et ses couleurs. (bis)

Du médisant les propos satirique
De mes accent n'arrêtent point le cour,
Pour mon Devoir et malgré les critiques,
Mes chers pays, je chanterai toujours ;
L'enfant chéri, faisant son tour de France,
Vous a chanté la concorde paix ;
Il chante encor dans la douce espérance
De réunir les amis du progrès. (bis) 

L'innovateur, 1859.

Louis-Pierre Journolleau, « Rochelais l'enfant chéri », était compagnon boulanger du Devoir.
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