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Le fleuve ancestral

Le fleuve ancestral embrasse les deux rives, qui s’opposent à jamais, amies ou ennemies.
Moi j’ai rêvé le fleuve, j’ai écouté son flux.
Il ne m’a pas parlé car il ne parle pas.
Alors j’ai pu sans peur lui livrer mes secrets car j’ai su que, muet, il ne les vendrait pas.
J’ai lancé mes paroles comme un appât dans l’eau.
Chaque goutte du fleuve est devenue cadeau ; elle donnait la chair d’un mystère nouveau.
Alors il m’a semblé caresser des corps chauds pour cueillir de mes mains les désirs les plus beaux.
Mais tout était parti et soudain je fus seul.

J’ai vu autour de moi tant de poissons noyés que le fleuve était blanc de ventres retournés.
J’ai vu qu’une baleine perdue les avalait.
Et le fleuve gonflait, il aspirait la mer.

Soudain à la rencontre impromptue et stupide d’un bouddha tout en bleu et d’une tuile en terre la colère du ciel aspire l’eau qui monte remplir tous les nuages pour un prochain déluge.

Il ne faut pas,
surtout,
jamais,
mentir au fleuve.

Est-ce qu’un de mes mots a réveillé des maux ?
Ou ai-je mal choisi mes chemins de hallage ?.

Il faut se méfier des fantômes du fleuve

Pour « La cave à Poèmes » : 26-03-2018

© Serge Carbonnel
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