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Pluie

Le rideau qui tombe
Sur Paris ensoleillé de naguère

Nous dormions
Comme des amants de lassitude liés

Nous dormions et la pluie
Avait repris possession de la ville
Comme un rôdeur agile fondant
À l’heure du rapt

Nous ne savions rien des forfaits de la nuit

Ce matin les coupes sont claires
Dans la forêt des passants
Comme une guerre qui aurait moissonné tant d’êtres
Comme la montée d’un miasme funeste

Où êtes-vous, foules de la ville et de la veille
Où sont vos retraites, vos refuges
Vos secrets dans le radeau
De vos demeures
Quand la brume humide des rues campe
Sur l’étendue de la ruelle silencieuse devenue
Quand les caniveaux gonflés d’eau
Annoncent marée des emportements à venir

Est-ce ainsi qu’un signal fait signe
Cette onde conquérante, grosse d’elle-même
Menace-t-elle nos galops
Au manège des jours ?

Jean-François Blavin
Paris – bistrot Hall 1900
in Mailles à départir, Éditions du Cygne
Collection Poésie Francophone - 2017

© J.-F. Blavin
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