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Amour sublimé

J'ai découvert pour ma part La Délie dans le cadre d'un séminaire de littérature de la Renaissance, à l'université. Le choix des dizains que nous présentait le professeur n'avait pas retenu, de prime abord, mon attention. J'y voyais des poèmes amoureux dans la lignée de Pétrarque et du courant platonicien : un amant se morfond pour sa Belle, éminemment vertueuse et indifférente, il trouve dans cet exil sentimental et cette solitude charnelle la force d'un surpassement intellectuel qui lui permet d'accéder à un amour supérieur, le seul qui fasse honneur à l'humanité bien comprise, maîtresse de ses désirs sublimés. Tout cela sur un fond convenu de références mythologiques et dans une langue à la grammaire compliquée et compliquant la compréhension d'un message conventionnel...

Un exemple :

CCXXXII

Tout le repos, ô Nuit, que tu me dois,
Avec le temps mon penser le dévore,
Et l'Horloge est compter sur mes doigts,
Depuis le soir jusqu'à la blanche Aurore.
Et sans du jour m'apercevoir encore,
Je me perds tout en si douce pensée
Que du veiller l'Âme non offensée
Ne souffre au Corps sentir celle douleur
De vain espoir toujours récompensée
Tant que ce Monde aura forme et couleur.

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Barbara Pillot, Maurice Scève, La Délie, invitation à un parcours poétique choisi, 3/7.

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