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Le chapiteau du cirque

Le chapiteau du cirque, à la sortie du bourg,
A la bâche étoilée d’un faux ciel improbable
Et pourtant, pour l’enfant qui le découvre un jour
C’est un joyau, brûlant de feux incomparables.

Il ne voit, du lion dressé, repu, et triste,
Qu’un gigantesque fauve ; Il n’entend, sous sa plainte,
Qu’un rugissement ; Il crie de joie quand, sur la piste,
Un clown au nez usé fait une chute feinte.

Il tremble de bonheur devant un éléphant
Sans voir, au bas du pied, la marque de sa chaîne.
Bateleurs de banlieue ! Vous créez chez l’enfant
Des amours inconnus que vos métiers déchaînent ;

Votre art est magnifique autant que misérable ;
Il est aussi ancien que nos tout premiers rêves ;
Acrobate hésitant, dompteur invulnérable,
Le pire et le meilleur s’y côtoieront sans trêve.

Le cercle de lumière où vous brûlez vos jours
Est un ciel dont l’éclat fait bien souvent défaut ;
Mais qu’importe aux gamins, hypnotisés, toujours...
Ils ne verront jamais que vos diamants sont faux.

© Christian Gros
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