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Trilogie noire

Entre 1887 et 1891, paraissent successivement Les Soirs, Les Débâcles et les Flambeaux noirs, une trilogie très noire, qui fait penser aux poètes dits décadents des années qui ont suivi Baudelaire, comme Rollinat lorsque celui-ci donne dans le lugubre ou le morbide. Verhaeren y évoque, par exemple,

les malades

Nerveux et seuls, ils sont les tragiques malades
Aigus de tous leurs maux. Ils regardent les feux
S'épandre sur la ville et les pâles façades
Comme de grands linceuls venir au devant d'eux.

les fermes

Pendant les heures d’ombre et d’envoûtement noir
Et les novembrales semaines,
ô ces fermes au fond des plaines
et leurs détresses au fond du soir !

son âme

Ô mon âme du soir, ce Londres noir qui traîne en moi !

ou encore un morne repliement sur soi, comme vous l’entendrez tout à l’heure.

Le caractère très sombre de ces poèmes s’explique sans doute en partie par des accès de neurasthénie qui lui tordait l’estomac, Verhaeren y était particulièrement sujet ces années-là.

Poèmes lus le 10-12-2012
disponibles sur le site Poésie française (Webnet)

Si morne... (par Loïc Bénard)
La révolte (par Philippe Martineau)
Les nombres (par Catherine Havel)

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Pierre Blavin - É. Verhaeren, un nostalgique fasciné par le Progrès - 3

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