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Une aube ordinaire

Loin de la Closerie, vers Evry le train roule
On lit, on dort, on pleure sur la chaise striée
Par des traits incivils parfois beaux comme houle
D'appel à autre choix qu'une vie stipendiée.
C'est le transsibérien de cette âpre banlieue
Filant dans le brouillard de nos vies ballottées
Poussant jusqu'à Evry, mon arrêt en ce lieu
D'importance grise, d'humains éparpillés.
Prolétaires, bourgeois, vagabonds, policiers
Composent le ballet pour mes yeux pers qui songent
À d'insoupçonnables rêves de mariniers
Qui noieraient cette gare où ces êtres se pressent.
Un dieu voyeur est là dans un abri opaque
Il scrute leurs courses, il rit de leurs errances
Il regarde leurs nuits avec un éclair glauque
Il s'octroie du plaisir en vaguelettes douces.
Un voyageur se perd dans un ciel de désert
Une femme s'enivre à l'alcool de bistrot
Un journal vole à terre, un vigile se perd
Le jour est éventré, la vie est un cadeau.

Jean-François Blavin
Evry-Courcouronnes - Café de la Gare le 08 février 2000

© J.-F. Blavin
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