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Le chansonnier (extrait)

Il est intéressant de comparer au sonnet VIII ce sonnet composé par Pétrarque deux siècles plus tôt.

Nulle paix je ne trouve, et je n'ai pas de guerre à faire :
Je crains et j'espère ; je brûle et je suis de glace.
Et je vole au plus haut des cieux, et je gis à terre ;
Et je n'étreins nulle chose, et j'embrasse le monde entier.


Qui me garde en prison la porte ne m'ouvre ni ne ferme,
Ni ne me tient pour sien, ni ne défait les liens ;
Amour ne me tue pas et ne m'ôte pas mes fers,
Ne me veut pas vivant, et ne vient pas à mon secours.


Je vois et n'ai point d'yeux, et sans langue je crie ;
Et je désire périr, et demande de l'aide ;
Et pour moi je n'ai que haine et pour autrui qu'amour


Je me repais de ma douleur, et en pleurant je ris ;
Également m'insupportent vie et mort :
En cet état je suis, Madame, pour vous.


Francesco Petrarca (1304-1374)
traduit par Jean-Claude Monneret

 

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