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Sonnet VIII
(le plus connu sans doute !)

Je vis, je meurs, je me brûle et me noye.
J’ai chaud extrême en endurant froidure ;
La vie m’est et trop molle et trop dure,
J’ai grands ennuis entremeslez de joye.

Tout à un coup je ris et je larmoye,
Et en plaisir maint grave tourment j’endure ;
Mon bien s’en va, et à jamais il dure ;
Tout en un coup je seiche et je verdoye.

Ainsi Amour inconstamment me mène ;
Et quand je pense avoir plus de douleur,
Sans y penser, je me trouve hors de peine.

Puis quand je crois ma joie être certaine,
Et être au haut de mon désiré heur,
Il me remet en mon premier malheur.

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